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  • Coups de gueuleDe tout temps le style a été un outil de crédibilité.
    En effet l'usage de certains styles permet de renforcer le discours et d'y apporter un crédit supplémentaire à celui qui est inhérent à son contenu. Lorsque l'on tente de mettre en place une démonstration logique, l'usage d'un style soutenu accompagné d'un jargon scientifique adapté au thème adopté permet de renforcer la puissance persuasive de la dite démonstration. Cependant en utilisant le terme style nous ferons ici plus précisément référence au style textuel plutôt qu'au style langagier. En effet le style de langage est certes un outil permettant d'accroître la portée du discours tenu et de s'approcher au plus près du public visé mais le style de texte quand à lui permet de proposer à ce même public un texte pré formaté, apportant des informations claires et attendues qui vont améliorer l'accessibilité du texte et favoriser sa crédibilité. Par exemple dans des supports électroniques à caractères informatifs tels que les blogs, le style journalistique est très souvent adopté afin de renforcer la crédibilité des faits qui y sont abordés. Ces supports sont difficilement contrôlables et fournissent en général peu d'informations sur les auteurs des textes.

    Ce phénomène peut considérablement nuire à l'accessibilité et à la légitimité du contenu textuel et ainsi mettre en péril toute forme de crédibilité. Pour faire face à cette contrainte inhérente au format blog certains auteurs ont adopté, parfois sans même en être conscient, un style textuel calqué sur les formats classiques de la presse écrite. Cette stratégie permet ainsi d'apporter un crédit au texte en accréditant l'auteur en tant que personne qualifiée pour écrire de tels articles. Pour se voir ainsi considéré par ses lecteurs les auteurs doivent se plier à des règles simples, règles qui régissent chaque article publiée dans la presse traditionnelle. Ainsi l'information doit être brièvement présentée dans le titre et si possible dans l'introduction.
    La suite du texte doit quand à elle répondre à certaines questions essentielles en explicitant la situation spatio-temporelle à laquelle l'article réfère, en présentant les protagonistes et en mettant en exergue les causalités propres à la thématique abordée. Enfin le format adopté doit être choisi pour améliorer la lisibilité et le caractère compréhensible du texte. Ces règles basiques régissent chaque article journalistique et sont donc admises en tant que données indissociables à la presse dans l'inconscient des lecteurs.
    Ces lecteurs admettent ainsi, sans en être forcément conscient, l'existence d'un style journalistique. Lorsque ces règles sont mises en place dans un cadre différents, les lecteurs vont avoir tendance à reporter la crédibilité qu'ils accordent à la presse traditionnelle sur le texte en question, qu'il soit ou non vérifié ou vérifiable. Cette crédibilité que le texte acquiert ainsi n'est donc pas le fait de son contenu mais simplement de sa forme. Ainsi le vieil adage qui prétend qu'il ne faut pas se fier aux apparences est ici tout à fait vérifiable, en effet sous ce format prétendument journalistique toutes les calomnies et les diffamations peuvent s'exprimer et se voir prêter une oreille attentive.

    Cependant ces règles que nous avons énumérés pour le style journalistique ne sont le cadrage général de ce style. En plus de ces règles doivent être prises en compte une hiérarchisation prédéfinie qui elle aussi permet de renforcer la crédibilité du texte. Le texte devra ainsi présenter une attaque, le corps et une chute. Enfin ce dit texte devra trouver sa place dans une catégorie et être ainsi qualifiable de filet, de brève ou d'éditorial pour n'en citer que quelques unes. Que ce soit dans le style journalistique ou dans un autre style un discours, qu'il soit écrit ou oral, électroniquement médié ou non, peut aisément être tourné de telle manière que les destinataires vont avoir tendance à ne pas y opposer de réelle contradiction, non pas parce qu'ils adhèrent au contenu mais simplement parce que le format « pré-digéré » du texte va faciliter la mise en place d'un processus de crédibilisation de ce dernier. En effet il est par exemple facile de convaincre n'importe qui que les étudiants ont le droit de grève.
    Lorsque l'on affirme que conformément aux dispositions légales en vigueur est accordé à tout individu suivant des études de cycle supérieur le statut de travailleur intellectuel, statut reconnu par le code du travail comme équivalent au statut de travailleur actif. Si l'on se fie aux faits énumérés le dit travailleur intellectuel bénéficie à ce titre du droit de grève conformément aux lois en vigueur, cependant ceci est faux et pourtant, toute personne ignorant la loi aura tendance à croire que tout étudiant a ainsi le droit de grève. Il en va de même avec beaucoup de types de discours qui, une fois formatés, vont être facilement acceptés par les différents destinataires.
    Ainsi, seuls les spécialistes des disciplines abordées et certaines personnes qui sont aux faits de ces stratégies manipulatoires vont se rendre compte de la supercherie. Comme quoi la langue est et restera l'outil par excellence non seulement de communication mais aussi de manipulation et de construction du sens et de l'idée.

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  • Dans un monde où « réseaux » et « contacts » sont maîtres mots le Networking social est devenu un outil incontournable de communication. Cette notion francisée sous l’idée de réseautage social fait référence à un type de plateformes en ligne qui permettent à leurs utilisateurs de se relier, de retrouver des proches, des amis, des anciens camarades mais aussi de rentrer en contact avec des inconnus et ce pour diverses raisons d’ordres professionnelles ou personnelles. Ces plateformes ont pu permettre à leurs utilisateurs de recréer virtuellement parlant un réseau déjà existent, bien que parfois quelques peu désuet. En effet les utilisateurs ont souvent retrouvé des camarades de lycée, de collège, d’une équipe de sport, d’un club d’échec, des anciens voisins, des collègues de bureau…


    Au-delà de cette vocation purement relationnelle le Networking a développé des aspects plus attractifs tels que des divertissements, des jeux, des quizz et tout un panel de fonctionnalités permettant de créer une dépendance de l’utilisateur. Une des catégories de ces applications est basée sur l’idée de catégorisation d’autrui. En effet ces applications permettent aux utilisateurs de répondre à des questions sur leurs amis. Ces questions permettent ainsi de définir l’image résiduelle que chacun projette. Au-delà de savoir si tel ou tel contact a déjà fantasmé sur l’utilisateur, s’il le trouve plus ou moins beau, plus ou moins intelligent ces applications développent un panel de plus de cinquante questions sur les thèmes du sexe, de l’apparence, des capacités intellectuelles, des relations sociales, de l’amitié… Il s’agit ici d’une première forme d’idéalisation de l’échange. En effet vu le but ludique de l’application le divertissement conjoint à la distanciation due au canal de transmission, c'est-à-dire une forme médiée de communication, ont tendance à désinhiber les utilisateurs qui ainsi expriment certaines positions vis-à-vis de leurs contacts, acte qu’ils n’auraient pas forcément fait en face à face.

    De plus il est intéressant de noter qu’au-delà des connaissances pré-existantes et soutenues, c'est-à-dire les personnes que l’utilisateur continue à côtoyer, ce dernier développe un panel de contacts qui s’organisent sur plusieurs niveaux. Tout d’abord nous pouvons déceler une première catégorie de contacts qui comprend les amis proches, la famille et les diverses personnes fréquemment côtoyées. La seconde catégorie élargit le nombre de contact en ajoutant les anciens camarades, qu’il s’agisse d’établissements scolaires, de réseaux professionnels ou de loisirs. Enfin la dernière catégorie se base uniquement sur des gens non connus. Ces connaissances virtuelles sont souvent ajoutée suite à des recherches par centres d’intérêts, des discussions sur des groupes, des relations créées sur des applications telles que des jeux ou des artefacts dédiées aux célibataires ou enfin par des amis en commun. Là aussi il s’agit d’une forme d’idéalisation du réseau. En effet l’utilisateur développe ainsi un panel de connaissances liées à ses divers centres d’intérêts. Ainsi il peut créer simultanément des réseaux imbriqués qui lui permettent d’accroître son acuité sociale. L’utilisateur se crée ainsi une capacité sociale virtuelle qui lui accorde une potentialité accrue dans tout échange ou dans tout acte. Lorsque l’utilisateur en question fait une recherche professionnelle il peut ainsi faire appel au réseau dédié, tout comme lorsqu’il cherche une nouvelle musique à télécharger, un nouveau jeu à essayer ou tout simplement une idée de cadeau pour l’anniversaire de sa compagne.

    L’idée même de Networking social est en soi une idéalisation du réseau social car chaque individu est en contact dans sa vie avec des centaines de personnes mais rare sont celles qui restent en contact avec l’individu pendant plusieurs années. Le Networking a pour vocation de combler cette carence en longévité relationnelle. Ainsi alors que l’homme est par nature évolutif le Networking intervient pour tenter de créer un fil rouge dans la vie de chacun, un lien superficiel mais élastique et durable qui pourrait être qualifié de contre-nature par certains. Mais dans notre monde actuel que reste-t-il de naturel ?

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